2020 s’est révélée être une année particulièrement éprouvante pour les villes, au sens large. Déjà fortement mises sous tension par la démographie et l’économie, l’épidémie de Covid-19 a eu des conséquences sévères sur les centres villes. Selon MyTraffic, la fréquentation a baissé de 46% sur la rue de Rivoli à Paris, de 42% à Bordeaux et de 33% à Lyon. Dans le même temps, les enjeux de la ville ont profondément changé : Paris veut créer une foncière qui rachètera des fonds de commerce d’entreprises en difficulté et souhaite végétaliser 10 axes parisiens. Tandis que Lyon veut multiplier les vergers urbains dans l’optique de promouvoir une alimentation saine mais aussi d’entretenir la biodiversité et créer des îlots de fraîcheur urbains. Les enjeux des grandes métropoles françaises sont nombreux.

Rester dans la course

Se réinventer et innover paraissent être les maîtres-mots dans la réflexion de la ville de demain pour un modèle viable et résilient : innover en matière de développement économique, intégrer les questions environnementales et garantir une ville inclusive. La prise de conscience est désormais derrière nous et il est temps aujourd’hui de développer et appliquer les plans d’actions permettant d’anticiper – voir de faire face de manière inattendue – à des événements comme une crise sanitaire, une crise économique ou une crise climatique. La récente émergence du Covid-19 nous l’a montré et nous a rappelé à l’ordre. Mais la route est longue tant nous savons ce qu’il faut faire dans les grandes lignes, mais l’adaptation au quotidien reste compliquée : comme la place des transports carbonés, les méthodes de construction en filière sèche, etc. Pour toutes ces raisons, les métropoles doivent rester dans la course aujourd’hui pour anticiper et construire demain. 

Avoir les bons outils

Beaucoup de métropoles françaises n’ont ni la taille, ni l’ambition de grandes métropoles européennes. Mais elles ont de la ressource et sont des territoires d’expression à la fois riches et surprenants. Strasbourg et Rennes ont révélé un formidable potentiel sur le développement durable liée à une grande sensibilité écologique de leurs habitants, Dijon a donné l’impulsion de la Smart City, Marseille et Nantes ont pleinement intégré la dimension culturelle à leur développement territorial et Brest ou Saint Etienne impulsent un renouveau urbain basé sur l’innovation, la réhabilitation et une meilleure efficacité énergétique. 

De fait, elles maîtrisent l’état de l’art en matière de transport, de gestion de l’eau et de l’énergie, des déchets et d’aménagements urbains, les métropoles. Mais elles ont besoin d’avoir la connaissance et les moyens d’avoir accès aux solutions qui leur permettront de gagner durablement à la fois en attractivité et en résilience. Elles se doivent d’être à la fois uniques dans leur positionnement et autonomes. Cela passe par une mise à disposition d’outils publics et privés, mais aussi l’accès aux investissements partenariaux, privés ou coopératifs, permettant de disposer de fonds pour le renouvellement urbain. 

(re)Mettre l’humain au centre

Les métropoles ont un autre enjeu à relever : se repenser en permanence pour (re)mettre l’humain au centre pour vivre dans des centre-villes plus harmonieux et humains. Toulouse par exemple a mis en place une “charte des usages de la ville” qui indique à tous les règles : formes urbaines, affichage, partage de l’espace public, etc. Cela permettrait à plus d’un million de personnes de vivre un peu plus harmonieusement. La croissance démographique est forte dans l’agglomération – prévoyant de passer à près de deux millions à l’horizon 2040. C’est pourquoi ce genre de règlement représente un socle solide du vivre ensemble. Relever le défi social et humain ne se fait pas sans dommage collatéral : comme par exemple l’étalement urbain, contre productif en matière de durabilité.

Le recherche permanente de cohérence entre les transports, l’habitat et l’espace public – de qualité – doit être au centre des préoccupations des grandes métropoles françaises, tout en respectant les spécificités locales en matière de formes architecturales. Ainsi, le développement des villes en accord avec leur passé et leur futur peut passer par exemple par des programmes de réhabilitation ou d’extension. Par exemple à Villeurbanne, des constructions nouvelles s’appuient sur des bâtiments existants pour inscrire la ville du futur dans la continuité de la ville actuelle. Verticalité qui permet de favoriser le lien humain à travers des espaces publics et espaces communs de qualité, destinations plutôt que lieux de passages. 

Trouver l’équilibre

Victimes de la mauvaise image et de l’urbanisme de masse entre les années 70 et les années 90, de nombreuses villes ont vu leur centre ville se vider de leurs commerces, puis de certains de leurs habitants ; et un déséquilibre s’installer. Une ville comme Mantes-la-Jolie voit aujourd’hui des promoteurs immobiliers venir mener des projets là où elle était boudée il y a encore quelques années. Elle bénéficie de l’image du Grand Paris, dans lequel elle s’inclut et de tous les projets que cela a apporté. Trouver et maintenir un équilibre de territoire est un énorme chantier, dans lequel il faut se projeter. L’un des enjeux induit par l’équilibre est la mixité : à la fois d’usages, des activités et d’habitants. C’est à dire entre autre de concilier les différentes façons d’habiter et de faire de la haute couture : seule cette conception d’un nouvel urbanisme répondra aux enjeux des métropoles françaises, sans pour autant que ce soit au détriment du développement économique, des questions environnementales ou d’une ville plus humaine. 

 

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